C'est notre petit secret ! [PV Savuka] [terminé]

Courant à perdre haleine, Haidar souhaitait vite retrouver la sécurité du Rocher du Lion. Il avait cru distinguer de jeunes lions exclus de l'autre côté du lac aux crocodiles et la peur l'avait fait détaler comme un lièvre. Il n'avait aucune envie de servir de repas aux Exilés alors qu'il venait de promettre à Taha qu'ils se reverraient bientôt.

Il traversa l'immense étendue de savane, ralentissant un peu sa course lorsque les terres sombres derrières lui ne furent plus qu'une mince ligne noirâtre à l'horizon. Déjà, l'herbe de la plaine était un peu plus verte et les troupeaux plus paisibles. Rassuré, il trottina simplement et leva le nez haut vers le Rocher du Lion qui se dressait majestueusement devant lui. Plus que quelques minutes et il parviendrait aux gros cailloux amoncelés à la base de cette demeure.

Au bout d'un moment, il distingua les lionnes étendues paresseusement sur leurs rocs respectifs. Il chercha sa mère du regard et la vit un peu en retrait par rapport aux autres. Alors que les autres recherchaient la chaleur de la pierre sous elles, le pelage foncé de Savuka l'obligeait à s'écarter un peu pour bénéficier de l'ombre. Néanmoins, elle participait aux discussions. Toutes les chasseuses s'étaient regroupées pour ce moment de détente où la chaleur imposait un repos strict, et elles échangeaient leurs avis sur les derniers potins, sur leurs enfants, les spécificités de chaque lionceau de la nouvelle génération...

« Maman ! » s'écria-t-il en se faufilant entre les herbes pour finalement bondir sur le rocher où se reposait la jeune lionne et s'y raccrocher avec les griffes. « Je glisse ! » piaula-t-il en fronçant les sourcils, les yeux fermés sous l'intensité de l'effort à ne pas retomber par terre.

Non que la chute eût été sévère, mais son honneur en aurait pâti.

Difficile pour une mère de ne pas remarquer l’agitation soudaine de son lionceau. Haidar semblait plus enthousiaste qu’à l’ordinaire, et bondissait joyeusement vers elle. Heureuse de voir son unique fils aussi rayonnant, la jeune lionne quitta poliment la conversation pour se concentrer sur son lionceau. Celui-ci prenait déjà son élan pour tenter d’atteindre la position un peu élevée de sa mère. Mais la chaleur rendait la pierre poussiéreuse, et le petit peinait à trouver une prise. Soucieuse de l’aider tout en préservant sa fragile fierté d’enfant, Savuka avança discrètement une patte pour lui permettre de s’y agripper, et de se hisser à côté d’elle.

Sa propre fierté se trouvait là. Dans ce petit être minuscule, mais qui promettait de devenir un jour un adulte imposant et respectable. Haidar était parfaitement constitué, et de toute beauté. Son fils serait un jour quelqu’un d’une grandeur et d’une noblesse sans égal, que personne dans le clan des Plaines ne pourrait renier. Pas même le Roi.

Elle quitta ses pensées avant qu’elles ne voguent vers un sujet plus nostalgique, à savoir le père du petit lion. Mieux valait vivre dans le présent. Ce présent où, amusée par l’attitude de son petit, elle l’attira contre elle pour frotter affectueusement leurs joues l’une contre l’autre.

« Que t’arrive-t-il, Haidar ? Tu sembles encore plus joyeux que le jour où tu as attrapé ton premier lapin... »

Voyant la patte de sa mère se poser près de lui, il posa sa patte arrière sur la sienne et se hissa. Fier d'avoir tenu jusqu'au bout sans fléchir, il se frotta paresseusement contre sa mère, s'appuyant contre elle jusqu'à mettre en péril son équilibre encore instable de lionceau. Heureux, il accueillit la caresse de leurs joues avec un ronronnement enfantin, sa queue balançant dans tous les sens.

Mais son enthousiasme débordant ne pouvait qu'attirer l'attention de la douce Savuka. Il baissa les oreilles, penaud. À peine avait-il promis de garder un secret qu'il le trahissait par une attitude plus que remarquable.

Il se cacha contre la fourrure beige de sa mère et poussa un petit miaulement embarrassé. Il glissa un regard sur le côté, espérant que les autres lionnes n'entendraient pas. Ne sachant trop comment aborder la chose et ne se sentant pas le courage de mentir à sa mère, il murmura :

« Je... je me suis fait un nouvel ami, maman... »

L’embarras soudain du petit lion lorsqu’il évoqua son nouvel ami était assez éloquent. La jeune mère décida cependant de ne rien laisser paraître de ses impressions, et de laisser son fils parler à son rythme. Il n’en prendrait que davantage confiance en lui-même.

« Un nouvel ami ? Il est gentil, avec toi ? »

Savuka entreprit délicatement la toilette du lionceau, sachant par expérience que ses coups de langue débordants de tendresse aideraient le petit à se calmer. Elle se contenta de lui lécher la tête et les épaules, ne souhaitant pas l’interrompre trop longtemps dans son récit. L’important était de le rassurer, afin qu’il puisse raconter tranquillement son aventure, à son rythme.

Ces quelques instants lui permirent d’ailleurs de confirmer son impression première ; elle ne reconnaissait pas l’odeur sur le poil de son fils. Une odeur terreuse, poussiéreuse. Une odeur de lionceau qui ne devait pas avoir droit à son bain tous les jours. Mais heureusement, le vent était pour eux, et une toilette approfondie suffirait à couvrir ces quelques effluves. Elle cessa temporairement de le nettoyer, sentant que le petit allait peut-être dire quelque chose, et souffla doucement son air chaud entre ses minuscules épaules. Sa mère était là, près de lui, rassurante et protectrice. Rien ne pourrait lui arriver en sa présence. Il n’y avait qu’eux, loin des oreilles indiscrètes des autres lionnes. Ils n’étaient que tous deux sur leur rocher, loin du monde. Haidar pouvait se confier, sans crainte et sans souci.

Cette toilette si douce et pleine d'amour rassura le petit lion qui se laissa faire, s'allongeant même entre les pattes de Savuka pour y poser son menton. Peu à peu, les coups de langue détendirent ses petits muscles durement sollicités à force de courir à travers la savane, et Haidar commença à somnoler, rassuré par tant de chaleur et de tendresse. Il ouvrit un oeil paresseux et répondit avec un sourire :

« Il est très gentil ! Un peu timide... Mais je crois qu'il n'a pas de maman... »

Cette pensée l'amena à imaginer sa vie sans sa mère. Un long frisson lui hérissa le poil de l'échine et il cacha son nez contre les coussinets de Savuka. C'était assez incroyable de se rendre compte que Taha devait passer ses nuits tout seul ou avec d'autres orphelins, sans une maman pour le protéger du froid, de la solitude et de la peur. Le lionceau Exclu ne pouvait écouter les histoires des étoiles qui incarnaient les grands rois du passés, ni sentir la langue de sa mère sur sa joue pour lui souhaiter une bonne nuit...

« Je suis triste pour lui... »

Plein de confiance, il leva la tête vers Savuka une fois la toilette achevée. Il ferma les yeux quand leurs têtes se rencontrèrent pour un câlin, puis il crut que son changement de sujet n'élèverait aucun soupçon :

« Maman... Est-ce que les Exclus sont méchants ? »

Une transition quelque peu maladroite. Mais certainement d’une immense discrétion aux yeux d’un petit lionceau. Haidar ne devait pas douter une seconde que sa mère ne ferait pas le rapprochement entre ce nouvel ami et sa question sur les Exclus qui vivaient dans les Terres Interdites, près de la perfide Zira.

Mais il fallait avouer que la jeune maman était loin d’être rassurée. Il pouvait parfaitement s’agir d’un stratagème visant à attirer les lionceaux près de la frontière, pour mieux les y tuer. Après tout, la reine des Exilés n’était pas du genre à se retenir d’exploiter les enfants à ses tristes fins. Haidar ne portait sur lui aucune odeur d’adulte. La précision qu’il lui apporta sur le fait que le petit n’avait pas de mère semblait corroborer cette version.

Que pouvait-elle répondre à son fils ?

« Je ne sais pas s’ils sont méchants, Haidar. Je sais juste que celle qui les dirige est cruelle, et sournoise. Elle n’hésiterait pas à faire du mal à un enfant. Ni à les utiliser pour nous atteindre. »

Sans réaliser que sa mère savait pertinemment que le petit lion brun parlait de son ami, il comprendrait la mise en garde. Le petit inconnu était peut-être sincère, mais il pouvait très bien être manipulé par les adultes...

Elle était néanmoins touché de voir que son fils pouvait encore voir l’innocence chez les autres. Ils étaient élevés dans une telle haine des Exilés qu’il était étonnant pour elle de voir son fils si ouvert. Bien sûr, elle en était inquiète, ce n’était pas anodin de fréquenter un hors-la-loi. Mais il avait visiblement hérité de l’ouverture d’esprit de son père, qui avait pu aimer une lionne d’un autre clan.

« Tu as raison d’avoir de la peine pour ton ami. Cela montre que tu as du coeur... La chaleur d’une mère est essentielle. Mais peut-être a-t-il d’autres amis comme toi, qui le protège et le réchauffe quand il a froid... »

Elle se pencha vers son petit, le serrant tout contre son poitrail pour le rassurer. Se rassurer elle-même aussi, d’une certaine façon. Car elle savait bien, qu’aussi sûrement qu’elle était en train d’imaginer sa vie sans son petit, celui-ci devait être en train d’imaginer sa vie sans sa maman. Elle frotta son nez derrière une oreille sombre, et lécha affectueusement la touffe de poils qui un jour deviendrait une abondante crinière.

Le petit lionceau brun se demandait finalement si la transition n'avait pas été trop abrupte. Levant un pauvre regard vers sa mère, il laissa tomber ses oreilles rondes. Mais celle-ci demeurant égale à elle-même, Haidar se sentit rassuré. Il avait été assez discret finalement. Fier de ce petit exploit personnel. Il savait que les lionnes du clan détestaient les Exilés pour leur cruauté. Malheureusement, deux lionceaux de la Terre des Lions avaient connu un destin tragique en partant explorer les Terres Interdites. Les lionnes de la Tribu ne pouvaient que craindre pour leur progéniture.

Cependant, Haidar nota dans un coin de sa mémoire qu'il fallait faire attention à la Reine des Exclus. Il demanderait à Taha s'il la connaissait et si c'était elle qui le poussait à franchir les limites de leurs terres. Mais pour l'heure, il éprouvait bien plus de tristesse à l'idée d'imaginer son ami tout seul. Il avait l'air tellement solitaire...

« Je ne sais pas... Il avait l'air tellement content qu'on devienne amis, comme s'il n'avait jamais eu quelqu'un sur qui compter... »

Il leva à nouveau la tête vers sa mère et l'admira. Il ne pouvait imaginer sa vie sans elle. Et ce sentiment sembla réciproque car dans un élan d'inquiétude, la belle lionne brune le serra contre elle pour une caresse entre leurs têtes avant de lui lécher le front, geste qui avait le don de rassurer le petit Haidar dès qu'il sentait l'angoisse monter en lui.

« Maman... » murmura-t-il simplement.

Il se sentait si bien avec elle. Ce regard brun l'enveloppait d'amour et ces pattes délicates l'enlaçaient pour lui apporter assurance et réconfort. Haidar savait qu'il avait la chance d'avoir une maman incroyable. D'ailleurs, il était le premier à dire que sa maman, c'était la meilleure de toutes.

« Dis Maman... est-ce qu'un jour je pourrai te le présenter ? Tu voudrais bien ? »

Savuka ne pouvait qu’espérer que le message était passé. Mais elle savait son fils prudent, et intelligent. Il ne manquerait pas de garder en mémoire les paroles de sa mère. Toutefois, celle-ci ne pouvait s’empêcher d’éprouver pour lui toute l’inquiétude qu’une mère pouvait ressentir sans son enfant. Elle avait eu ce petit alors qu’elle-même était à peine adulte, mais cela n’enlevait rien à son instinct maternel, ni à tout cet amour qu’elle éprouvait pour son lionceau. Elle savait quelle ne supporterait pas de le perdre. Mais elle savait également qu’il était impossible de toujours veiller sur lui. Pour l’heure, il avait besoin d’un peu de liberté. Et un jour, il serait suffisamment grand pour décider par lui-même...

Imaginer le puissant lion que deviendrait Haidar la remplissait de fierté. Tout en la poussant à profiter de l’adorable boule de poils qu’il était encore. La belle n’avait pas oublié l’immense lion qui l’avait honoré ce soir-là, quoiqu’elle n’ait plus eu l’occasion de le voir dernièrement. Nul doute qu’un jour, Haidar serait bien plus grand qu’elle. Difficile de le serrer entre ses pattes comme maintenant !

« Je suis fière de toi, Haidar... »

Elle chuchota ces paroles, sans vraiment de raison. En fallait-il vraiment une, pour dire à son fils toute la fierté et l’amour qu’il vous procurait ? Il semblait si petit, mais si courageux. La compassion qu’elle lisait dans ses yeux la troublait un peu, tout en la confortant sur la ressemblance du petit avec son père, Azaan. Lui-aussi avait su éprouver de la compassion, et du respect, pour un étranger issu d’un autre clan. Les petits lions du clan de Simba étaient très tôt soumis à la sécurité stricte des lieux. On leur apprenait que les Exilés étaient dangereux, ce qui restait assez juste. Mais Haidar avait passé outre ces préjugés.

Au fond, Savuka aurait préféré qu’il fasse un choix plus facile. Qu’il se lie d’une amitié très forte avec un petit de leur propre clan. Il n’aurait pas eu à découvrir si tôt la misère qui pouvait s’abattre ainsi. Il n’avait pas besoin de découvrir si tôt la cruauté du monde. Zira était dangereuse et folle, mais les lionceaux de son clan n’étaient pas plus dangereux que ceux des Plaines. Mais comment expliquer à un enfant que l’on puisse faire souffrir ainsi des créatures innocentes ? Qui sait ce qu’il pouvait imaginer... Lui-même aurait pu faire partie de ces infortunés.

Elle le serra un peu plus contre elle, passant sa langue sur son dos comme pour se rassurer elle-même. Elle sentait contre elle ce petit corps chaud et vivant, au ventre bien rempli et au poil brillant. Quel choc avait-il dû avoir en voyant un Exclu, orphelin qui plus est... Maigre comme un clou, le poil terne, les yeux jaunes, sale et misérable. Un petit qui n’avait que peu de chance d’atteindre un jour l’âge adulte. La reine s’occupait très certainement de faire manger les lionceaux les plus importants, les siens, en premier. Et ensuite... Par ordre d’utilité, probablement.

« Je serai très heureuse de rencontrer ton ami, Haidar... »

Elle se pencha vers lui, frottant son menton sur sa nuque si fragile. Elle frémissait rien qu’à imaginer son fils seul, livré à lui-même.

« Un jour, tu seras un lion grand et fort, aussi courageux que ton papa... »

Elle ne lui avait jamais vraiment parlé de son père. Il suffisait qu’une parole malheureuse échappe au petit pour que tout le monde comprenne son ascendance. Certes, les adultes s’en doutaient plus ou moins selon les individus. Mais les petits... Qui sait s’ils n’en viendraient pas à l’exclure ? On leur inculquait une telle peur des étrangers... Mais le fait de songer à la vie d’un lionceau sans mère lui rappelait que son fils ignorait une partie de ses origines. Il n’était pas le fils de Simba, encore moins de Scar. Adulte, il les surpasserait sans doute en taille et en prestance. Se souvenait-il seulement du grand lion noir qui l'avait engendré ? Savuka aurait aimé pouvoir l'emmener à nouveau. Mais mieux valait en parler d'abord à Azaan. Et pour cela, il fallait encore le retrouver.

Pour l’heure, elle ne souhaitait qu’une chose, comme toute mère. Pouvoir aimer son petit, et lui épargner les horreurs de la vie le plus longtemps possible…

Ronronnant, Haidar leva le menton en fermant délicieusement les yeux alors que Savuka le câlinait une nouvelle fois. Pris d'une soudaine bouffée de joie, il lécha de sa petite langue rose la joue de sa maman et se blottit contre elle. Il était rassuré et se sentait soutenu dans son choix qui était pourtant discutable. Instinctivement, il sentait que sa mère avait compris son secret inavouable. Il ne le partagerait pas avec des mots clairs, du moins pas pour le moment. Puisque Savuka se doutait de l'origine de son nouvel ami, il était inutile de se risquer à l'exprimer franchement au risque de se faire entendre des autres lionnes peut-être moins compréhensives.

« Je te le présenterai dès que je le retrouverai ! Il s'appelle Taha... Il a le pelage très clair et il ressemble à une fille... »

Paroles innocentes. Haidar secoua sa tête qui devenait un peu lourde avec la chaleur. Il leva les fesses et étira ses pattes avant loin devant lui, avant de remonter les épaules et dégourdir ses pattes arrières tendues à leur maximum. Il tourna sur lui-même un instant et se blottit contre la fourrure claire du poitrail de Savuka, le flanc étendu sur la pierre relativement fraîche. Il ferma les yeux et posa sa tête contre la patte de sa mère, la respiration courte et saccadée sous l'effet des températures bien trop hautes.

« Je t'aime maman... » murmura-t-il en levant tout de même un regard doux et un sourire admiratif à la jeune lionne.

Il aimait sentir Savuka le serrer contre elle et lui transmettre par ces étreintes tout l'amour que les mots ne pouvaient traduire. Il reposa sa tête sur la patte proposée et ferma à nouveau ses paupières sombres. Il agita une oreille quand elle fit allusion à son père. Les paroles au sujet de cet inconnu étaient très rares, comme pour préserver Haidar de quelque chose. Le lionceau était curieux, mais il avait compris que pour le moment, sa mère considérait que le moment d'en parler plus clairement n'était pas encore venu.

« Dis... Mon papa, il est gentil ? »

Question légitime... Après sa rencontre avec un Exilé, il ne pouvait que craindre que son père, malgré toutes les qualités vantées par Savuka, eût tendance à suivre le chemin de pensée de la cruelle Zira.

« Tu l'aimes beaucoup ? »

Autre question tout aussi évidente. Même s'il se doutait que Savuka ne pouvait se permettre de voir le grand lion comme elle le souhaitait, il espérait au fond de lui que son père n'était pas de ceux qui partent une fois leur travail accompli, laissant la lionne seule avec sa portée.

Pour Savuka, la situation était autre, puisqu'elle faisait partie d'un clan soudé. Mais tout de même, Haidar souhaitait savoir si son solitaire de père était parti sans demander son reste ou s'il avait été plus sensible à la jolie lionne qu'il avait honorée.

Le petit cédait peu à peu à la torpeur, assommé par le soleil et par sa course folle. Savuka baissa la tête vers lui, pressant légèrement son nez contre sa nuque pour un petit câlin qui l'aiderait à s'endormir. Il était tout à fait naturel que le jeune lionceau l'interrogea sur son père. Savuka ne lui avait que peu parlé de lui, et Haidar arrivait à un âge où l'on souhaitait comprendre les choses. Mais la jeune mère ne pouvait qu'éprouver une certaine inquiétude à l'idée de voir son petit rencontrer enfin le puissant lion. Le choc risquait d'être grand pour le petit lionceau. Son père était bien loin de l'image que pouvait s'en faire un petit habitué à la compagnie du clan des Plaines. Azaan était bien plus grand et plus puissant physiquement que Simba. Sa couleur, noire comme la nuit, risquait également d'impressionner le lionceau. Mais mieux valait ne pas trop s'inquiéter. La mère risquait de transmettre ce sentiment peu sécurisant à son petit, et elle ne le voulait en aucun cas. Azaan était aussi imposant qu'il était bon. Haidar était trop intelligent pour se fier uniquement à son physique de géant ainsi qu'à son statut d'Exclu.

« S'il n'avait pas été gentil, je ne l'aurai pas pris comme papa pour mon merveilleux fils... Je l'aime, et je t'aime aussi. N'oublie jamais cela. »

Elle soupira doucement, laissant son air agiter faiblement le poil chaud du petit étendu contre elle. Cela ne le rafraichirait qu'un bref instant, mais lui fournirait tout de même un certain confort. Azaan serait fier de cet enfant, tout comme celui-ci serait fier de son père. Savuka espérait simplement que le clan tolérerait encore son comportement, et fermerait les yeux sur ses sorties nocturnes. Voilà longtemps qu'elle n'avait plus pu quitter la grotte pour retrouver son lion. Elle savait que Simba se doutait plus ou moins de quelque chose, mais avait fermé les yeux là-dessus. La jeune lionne savait qu'elle n'avait plus qu'à prier que cette situation puisse continuer longtemps. Sans compter que le lionceau au poil sombre se posait sans doute d'autant plus de questions à ce sujet, qu'il avait lui-même rencontré l'un des lions bannis.

Mais pour l'heure, elle devait d'abord attendre la nuit pour aller voir seul le beau lion qui avait conquis son coeur. Elle observa la silhouette endormie de son petit. Il était déjà bien bâti pour son âge, très gentil et intelligent. Il aurait pu faire un bon prétendant pour la jeune princesse. Mais là s'arrêterait très certainement la patience et la tolérance du Roi. Nul doute qu'il n'accepterait pas à ce point le péché de Savuka, et que Haidar n'aurait sans doute pas le droit de courtiser la jolie Kiara. De toute façon, l'avenir des mâles dans un clan dominé par un Roi n'était jamais des plus enviables. Si Haidar ne trouvait pas une façon de se rendre utile à l'âge adulte, Simba le chasserait, comme n'importe quel autre rival.

Mais il était bien trop tôt pour s'inquiéter de tout cela. Pour l'heure, Haidar n'était encore qu'un petit bébé qui avait besoin de la chaleur et de la tendresse maternelle. Il était bien loin de quitter le cocon familiale, et Savuka comptait bien profiter au maximum de cette douce période où son petit avait encore besoin de sa maman pour l'aimer, et pour le protéger. Elle posa sa tête près du petit corps somnolant, et ferma les yeux à son tour. Pour l'heure, ils étaient l'un près de l'autre, et rien ne comptait plus que cela.

» Savuka [Non-exclue]
» L'appel de la nuit [PV Savuka <3]
» Savuka, non exclue [prise]